Il y a 110 ans, soit le 22 décembre 1910, Henry Laffoley a 21 ans et habite la maison de la compagnie Fruing à Caraquet avec le gérant de la compagnie, Nick de Ste-Croix. Trois ans plus tôt à l'île Jersey, son père avait signé son contrat d'embauche avec la compagnie qui lui garantissait un emploi et un gîte. On s'engage et on promet de protéger sa moralité, c'est-à-dire pas de « couraillage » avec des catholiques. Mais voilà que la veille de Noël 1910, alors que Laffoley assiste à une cérémonie religieuse à la petite Église protestante à l’arrière de la demeure des Young, quelqu'un informe Monsieur de Ste-Croix que Laffoley est en amour avec Cécile Chiasson du bas de Caraquet et qu'il est sur le point de se convertir à la religion catholique. De Ste-Croix panique et télégraphie à son patron à Lamèque, Georges Leriche, pour l'informer de la situation. Leriche lui dit de ne pas perdre de temps et de transférer Laffoley à Lamèque dès le lendemain matin. Ce que ces Jersiais ne savent pas c'est que le curé de Lamèque est informé des échanges de télégrammes et, bien sûr, avise le curé de Caraquet. Ce dernier, avec l'aide du député Séraphin Léger et le propriétaire du Château Albert, Pierre Albert, vont chercher Laffoley à son travail, l'emmènent au Collège, l'habillent avec des hardes neuves et le traversent à l’Église où il est baptisé catholique le même soir. Il passera la nuit au Château Albert et sera congédié par la compagnie la veille du jour de l'an. Il passera l'hiver au Collège, mariera Cécile au printemps et s'installera à Bathurst où il y élèvera une famille de onze enfants dont plusieurs descendants y vivent toujours. Henry Laffoley décède en 1977 à l’âge de 88 ans.
Bernard Thériault, historien